créatures éphémères

Mon amie Stéfany m'a demandé comment je fais pour imprimer « [mes] jolies cartes colorées », et comment faire pour obtenir « un rendu propre et coloré comme [moi] ».

Chère Stéfany, comme tu me prends par les sentiments ;) je vais t'expliquer comment je procède, et par le biais de ce post partager ces conseils avec quiconque pourra les trouver utiles :) Mais je dois te prévenir : ne t'attends pas à une recette-miracle – patience et bidouillage seront tes meilleurs alliés ;)

Avant de commencer

Je pense que ma méthode fonctionne d'autant mieux que l'image de départ a :

Les zones plus pâles ou/et dégradées vers le blanc (couleur du papier) seront plus difficiles à traiter. Par exemple le sol d'Autumn Run a été un cauchemar ;P

Illustration: Autumn Run

À mon avis il ne faut pas non plus espérer rendre toutes les subtilités de la peinture, ni les couleurs « exactes ». Enfin c'est peut-être possible avec des moyens professionnels, en particulier pour l'étalonnage des couleurs, dont je ne dispose pas.

J'essaye juste d'obtenir un rendu qui me paraît bon en soi, même s'il n'est pas « exact » si on met la reproduction à côté de l'original.

Enfin, à pratiquement chaque étape on pourrait pinailler à l'infini, pour au final des différences qui ne se voient pas à l'œil nu. Alors souvenez-vous – « finished not perfect » ;)

1. Le scan

Peu de gens ont un scanner plus grand que A4, le plus facile est donc de dessiner dans ce format ou plus petit. Personnellement je trouve ça souvent trop petit, et j'ai déjà scanné des aquarelles en 4 morceaux voire plus – évidemment, plus c'est grand, plus c'est difficile. J'essaie le plus souvent de ne pas avoir plus de 2 morceaux...

Surtout, il est important d'avoir une assez large zone de recouvrement entre les morceaux, car en général on ne peut pas mettre le papier bien à plat sur les bords, ce qui fait que ceux-ci sont déformés ou/et flous.

Souvent les drivers de scanners ont des fonctions pour automatiquement « corriger » le scan. Celles-ci sont plutôt prévues pour des documents texte ou des photos et ne marchent pas bien pour l'aquarelle (trop de contraste, couleurs modifiées). Il vaut donc mieux scanner sans aucune correction et faire les réglages soi-mêmes dans un programme de retouche d'image comme Gimp ou Photoshop. Malheureusement je ne peux pas donner plus de détails ici car le driver de chaque scanner (ou du moins de chaque marque) va être différent. Jusqu'ici j'ai eu un Epson et un Canon et tous deux avaient un mode « expert » permettant de mettre tous types de corrections à « Off ».

Évidemment il faut scanner avec une résolution qui va permettre une impression de qualité. En principe 300 dpi suffisent si on pense imprimer en taille réelle ou plus petit.

Dans mon programme de retouche je place mes morceaux sur différents calques que je positionne approximativement. Ensuite je passe le calque du dessus à 50% d'opacité et je positionne aussi précisément que possible, en zoom 100%. J'utilise les flèches du clavier pour faire des déplacements très précis. En général il ne va pas être possible d'avoir une correspondance parfaite sur toute la zone de recouvrement. Il faut ignorer les bords où on voit que le papier est déformé, et qu'on va effacer de toutes façons.

Après avoir repassé l'opacité à 100% j'efface le bord du calque avec une gomme assez voire très douce (contours « flous »), jusqu'à ce qu'on ne voie plus où commence un calque et où s'arrête l'autre. Parfois l'un peut être un peu plus sombre que l'autre, mais on y remédiera à l'étape suivante. Ce qui importe ici est le positionnement.

2. Le réglage des niveaux

S'il y a une nette différence de luminosité entre les calques c'est le moment d'y remédier en utilisant les niveaux, a priori en éclaircissant le calque le plus foncé.

Ensuite on peut fusionner les calques.

Souvent je garde des copies au cas où je voudrais repartir du document « brut » – a priori pour refaire le positionnement en mieux, mais pour être franche je ne crois pas l'avoir jamais fait ;)

Je peux maintenant régler les niveaux de l'image, qui est souvent un peu « grisouille » au sortir du scan. En général je ne peux cependant pas pousser la luminosité jusqu'à obtenir un blanc « pur » dans les zones non peintes car cela va « avaler » les zones où la couleur est le moins saturée, comme le sol et la peau sur Autumn Run.

En principe on pourrait sélectionner des parties de l'image et travailler localement. Cela peut sans doute marcher sur certains types d'images mais pour moi ce qui marche le mieux c'est de « simplement » effacer les zones qui doivent être blanches – je passe donc à l'étape suivante ;)

3. Le détourage

J'utilise le lasso polygonal pour sélectionner « en gros » les parties à effacer. En pratique je sélectionne plutôt les parties à conserver, puis j'inverse la sélection.

Je préfère le lasso polygonal au lasso « libre » car on peut définir une forme précise en une seule fois, en posant plein de points intermédiaires. D'un autre côté il faut faire attention de ne pas double-cliquer sinon on est bon pour recommencer :P

Il convient de trouver un compromis pour la précision de la sélection : trop de points et on va y passer des heures (surtout si on double-clique au mauvais moment :P), pas assez de points et on va passer des heures à l'étape suivante ;)

On peut alors effacer à la gomme, mais en principe un programme de retouche d'image va avoir une fonction « Effacer » qui va directement effacer toute la sélection.

4. Le nettoyage des bords

Pour le nettoyage fin des bords, j'utilise l'outil Densité – avec l'option Tons clairs. J'ai appris cette technique dans le livre Colorisation de BD des éditions Eyrolles, où elle est utilisée pour nettoyer les traits de contour, mais cela marche aussi pour les couleurs. C'est assez magique car la zone « blanc sale » devient « blanc pur » alors que la couleur reste :D

Pour l'aquarelle je règle la « puissance » de l'outil (d'après la capture d'écran dans le livre ça s'appelle « Exposition ») sur une valeur très très faible, genre 4-5. Si les couleurs sont vives on peut utiliser une exposition plus forte, en général j'utilise au maximum 12. Sinon la couleur disparaît aussi.

Si on repasse plusieurs fois au même endroit, on enlève de plus en plus de gris – mais aussi de couleur.

Il faut jouer sur la taille de l'outil et sur l'exposition suivant les endroits, et décider quand s'arrêter ;) ...ce qui n'est pas toujours facile pour une couleur transparente ou/et un bord « flou ».

Pour l'instant je n'ai utilisé cette technique qu'avec une vieille version pirate de Photoshop (CS 5). Comme je ne veux plus utiliser de pirates ni Photoshop, la prochaine fois il faudra que je trouve l'équivalent dans Gimp ou Krita – j'espère que ça existe ! – et je mettrai l'article à jour :)

5. Réglages optionnels

Suivant le cas j'effectue encore quelques réglages de balance des couleurs, en particulier pour des couleurs qui ne passent pas bien au scan / à l'écran, comme le vert anis que j'affectionne ;)

Dans ce cas je sélectionne la zone, a priori en utilisant la « baguette magique » / section par couleurs similaires, et je bidouille ;)

Et voilà!

...comme promis, rien de révolutionnaire ;)

N'hésitez pas à poser des questions si quelque chose n'est pas clair !

Et vous chers lecteurs, avez-vous des trucs pour améliorer le rendu de vos aquarelles à l'impression ? Si oui je vous invite à me les envoyer à : bonjour@reinekurth.com :) Indiquez-moi si vous souhaitez être cité(e) et comment (nom, surnom, site web, ...), afin que je puisse le cas échéant ajouter vos conseils à cet article !